De forme grossièrement trapézoïdale et d'une surface de près de 46 Km
carrés, Ischia est la plus grande des îles
parthénopéennes. L’île, célèbre pour ses sources d'eaux curatives et ses
thermes, pour sa mer cristalline et ses plages splendides, pour le calme paisible de ses villages et
l'amabilité de la population, est renommée de par le monde même pour sa végétation
luxuriante qui lui a valu le nom d' île Verte. Sur son territoire presque entièrement
montagneux (qui atteint 788 mètres au sommet le plus haut, le mont Epomeo) et très fertile en raison de
son origine volcanique les pins, les orangers, les citronniers, la vigne (dont on obtient le vin Epomeo, très
parfumé), les cultures céréalières ont réussi à se développer de
manière exceptionnelle grâce également à la douceur du climat, très peu humide et
légèrement ventilé, qui se situe toujours autour d'une moyenne comprise entre 10 et 23°C.
L’île est presque entièrement constituée de roches volcaniques et d'un ensemble de
cratères qui témoignent de l'activité volcanique et sismique du territoire d'ischia dans
l'Antiquité. La première éruption connue par les historiens date de 2200 av. J.-C., à
laquelle suivit celle du VI siècle av. J.-C., évoquée par Pline et Strabon, dont la violence fut
telle que tous les habitants furent contraints de s'enfuir. D'autres éruptions, d'intensité variable,
se succédèrent par la suite jusqu'au début du XIV siècle.
A cette occasion, une gigantesque coulée de lave incandescente jaillit d'une faille présente sur le
terrain et se déversa dans la mer en engendrant l'actuelle Punta Molina.
A l'activité volcanique s'ajoutait une activité sismique qui provoqua de très graves dommages
au cours des siècles: le séisme le plus récent est celui de 1883, qui détruisit
entièrement l'agglomération de Casamicciola. Ces violents phénomènes naturels sont
à l'origine des nombreuses sources thermales et sources d'eaux minérales que l'on trouve sur
l'île et qui furent célèbres pour leurs propriétés thérapeutiques
dès l'Antiquité.
L’île, qui était probablement déjà peuplée dans la préhistoire,
était connue dans l'Antiquité sous le nom de Pithecusa (ou Pithecussae), lié suivant une
interprétation qu'on en a donné (île des singes) à l'image des Cercopes,
les sauvages habitants des îles volcaniques, ou suivant une autre interprétation, au culte d'Apollon
Pizio.
Son nom actuel dériverait par contre de I-schra qui, en langue sémite, signifie
île noire (de la couleur des roches volcaniques). Des populations venues de Chalcis ou
d'Eubée la colonisèrent vers le VIl siècle av. J.-C. s'établirent sur le
promontoire du Mont Vico mais, rien qu'un siècle plus tard, elles furent contraintes de l'abandonner en raison
d'une terrible éruption.
En 474 av. J.-C., après la victoire remportée sur la flotte étrusque, Hiéron de
Syracuse occupa l'’île et fit construire sur la petite île en face de l'agglomération
d'Ischia un château occupé par une garnison militaire.
De même que leurs prédécesseurs grecs, les Syracusains durent s'enfuir
à cause d'une autre éruption qui eut lieu à peine cinq ans plus tard. Conquise par les Romains
en 322 av. J.-C., Ischia devint bientôt, grâce à ses sources thermales, un lieu de
villégiature renommé. Mais la remarquable beauté de la nature ne suffit pas à
protéger l’île par les invasions barbares, par les incursions et par les
ravages des Sarrasins et par les dominations qui se succédèrent sans interruption pendant des
siècles, parmi lesquelles celles des Angevins et des Aragonais jusqu'en 1495. Cette année marque le
début de la glorieuse seigneurie des D'Avalos qui eut raison d'Ischia jusqu'au XVIII siècle.
Eprouvée par les incursions pirates au cours du XVI siècle (c'est à cette époque que
remontent presque toutes les tours de guet de l'île), Ischia passa aux mains des Bourbons en 1734. En
février 1806, alors qu'elle était occupée par les Français, elle fut en vain
bombardée par les Anglais qui ne parvinrent pas à la conquérir.
Le principal centre de l'île est Ischia, situé à l'extrémité nord-est et
subdivise en deux bourgs: Ischia Ponte, la partie la plus antique, face à la petite île du Château
et Ischia Porto, la partie la plus moderne et touristique.
Renommée pour ses établissements thermaux, Ischia est le point de réunion chaque année
de milliers de visiteurs qui y recherchent, d'une part, la tranquillité des ruelles populaires et du petit
port de Ischia Ponte et, d'autre part, (es modernes structures balnéaires et les élégants
magasins qui parsèment les rues principales de Ischia Porto.
Hormis le charme de la nature, l'agglomération est intéressante pour l’église de
l'Assunta du XIV siècle (remaniée au XVII siècle) et surtout pour le Château auquel l'on
accède par un pont érigé en 1438 par Alphonse d'Aragon. Entouré d'un mur d'enceinte
grandiose, le château est en réalité constitué de plusieurs édifices
réalisés à des époques successives sur la petite île dans laquelle les
habitants de Ischia se réfugiaient lors de situations particulièrement périlleuses.
A travers une galerie taillée dans la roche (également bâtie sous Alphonse
d'Aragon), l'on monte jusqu'aux ruines de la Cathédrale, érigée en 1301 et détruite
successivement par les bombardements anglais de 1806.
Dans les alentours se trouve l'église de l'Immacolata (XVIII siècle), appartenant au couvent des
clarisses dont on peut visiter le cimetière: à leur mort, au lieu d'être enterrées, les
bonnes sœurs étaient installées sur des sièges creusés dans la roche. Au-dessous du
château, fortifié et flanqué de quatre tours, se trouvaient les prisons où, au XIX
siècle, furent emprisonnés de nombreux patriotes.
Du haut de la petite île, l'on jouit d'une vue magnifique sur Ischia et le golfe de Naples. Dans la partie
moderne de l'agglomération, le port vaut le détour: il s'agit d'un ancien cratère volcanique
qu'un petit canal creusé en 1854 sous Ferdinand II, a permis de relier à la mer.
Non loin de Ischia se trouve Casamicciola qui est, elle aussi, caractérisée par une partie ancienne,
située sur une petite éminence, et par une partie moderne en bord de mer.
Le bourg, l'une des plus anciennes et des plus renommées stations thermales de l'île,
subit au cours des siècles de nombreuses incursions pirates ainsi que d'importantes dévastations
liées aux éruptions volcaniques; à la fin du XIX siècle, il fut entièrement
détruit par le terrible séisme (cf. ci-avant) mais il fut reconstruit par la suite.
L'éminence de la Sentinelle (où se trouve l'Observatoire géophysique) ainsi que la rue qui
monte au mont Rotaro et au mont Trippodi (deuxième sommet de l'ile, 502 m d'altitude) offrent un magnifique
point de vue. Plus à l'ouest, à proximité de la pointe du mont Vico, l'on trouve Lacco Ameno,
une localité balnéaire et thermale située aux pieds de verdoyants reliefs montagneux.
La principale caractéristique de la plage de Lacco Ameno est le tuf en forme de champignon qui sort à
la surface de l'eau. Le sanctuaire de S. Restituita, dont font partie deux églises, vaut le détour:
l'église la plus moderne date du XIX siècle alors que la plus ancienne (refaite au début du
XVIII siècle) fut fondée en 1036 sur le site d'une basilique paléochrétienne
préexistante dont il reste des traces dans la crypte sous-jacente (IV-V siècle) qui abrite la
dépouille de la sainte martyrisée. La visite au Musée archéologique est
particulièrement intéressante son de ses nombreux témoignages sur les premiers colons grecs qui,
au VII siècle av. J.-C. environ, s'installèrent sur le promontoire du Vico (à cet égard,
l'on cite la précieuse Coupe de Nestor de 730 av, J.-C. environ avec un épigramme en trois vers) et
sur les habitants de l’île à des époques encore plus anciennes (Néolithique,
âge du bronze, âge du fer).
Un autre centre important de l’île est Forìo, renommé aussi bien pour sa position
splendide et pour l'abondance de ses eaux thermales que pour la production d'un excellent vin appelé Epomeo.
Particulièrement soumis à l'assaut des pirates, Forìo fut équipé entre le XV et le
XVI siècles de douze tours de guet imposantes, dont on peut admirer aujourd'hui la plus grande.
Les églises de S. Maria di Loreto (XIV siècle) et de S. Vito (refaite aux XVIII et XIX
siècles) sont intéressantes. Aux alentours de Forìo se trouve le grand établissement
thermal et balnéaire des Jardins de Poséidon, qui s'étendent le long de la très belle
plage de Citara, l'une des plus belles et pittoresques de l'ile.
Sur la côte sud de Ischia se trouve Sant'Angelo, au milieu de deux vastes criques réunies par une
fine couche de sable, ce caractéristique village de pécheurs qui exprime au mieux le charme de l'
l’île.
Admirablement situé, Sant'Angelo est entouré d'orangers et d'arbres fruitiers, toujours
exposés au soleil aussi bien l'été que l’hiver. L'intérêt des touristes
demeure moins dans le seul monument du bourg (les vestiges de la tour de repérage, détruite par les
Anglais en 1809, visibles sur le promontoire) que dans les petites maisons blanches ou aux teintes pastel
traversées d'étroites ruelles et de raides marches que l'on ne peut parcourir qu'à pied ou
à dos d'âne, dans les merveilleux jardins d'Apollon et d'Aphrodite aux arbres magnifiques ombrageant
les complexes thermaux, dans le pittoresque petit port et dans la beauté paisible de la nature que la main de
l'homme n'a pas encore touchée.